Bonjour, nous avons eu un bilan au CAMSP lundi matin.
Nous n'y avons rien appris de bien neuf si ce n'est que le médecin était quand même content des progrès de Gaspard. Les choses avancent même si c'est très doucement, elles avancent. Il nous a répété que Gaspard marchera avec une certitude absolue mais aucune idée de quand. Ca fait long, très long, trop long. Je dois dire que ces derniers jours entre le boulot et Gaspard, je n'en peux plus. Quand vient le soir et qu'il veut les bras, me faire des calins, j'adore ça mais mon dos moins. Alors, j'ai mal au dos tout le temps...
Durant le rendez-vous, on nous a demandé comment on allait, si ce n'était pas trop dur ? Ca paraît banal mais c'est pas souvent, presque jamais. C'est comme si notre entourage si proche soit-il ne savait pas comment nous aborder. Et ça c'est très dur car je pense sincèrement qu'avec les gens qui nous aiment, on devrait pouvoir parler de tout. Malheureusement, ce n'est pas si simple, peut-être ont-ils peur de ce qu'on pourrait leur dire, peut-être que ça vient de nous, on met de la distance entre nous et les autres.
Le médecin, nous a parlé du fait que Gaspard ne pourrait pas aller à l'école, qu'il faudrait peut-être envisager de mettre Gaspard dans un iME. Il y en a un en face de chez nous.
Je me souviens au moment de notre installation à Bailly, je voyais ces jeunes en fauteuil roulant, j'étais enceinte de 7 mois et je ne pensais pas un instant que le bébé qui grandissait en moi allait peut-être rejoindre ces enfants dans leur institut. Ironie du sort, de l'autre côté de la rue, il y a la maternelle. Je trouvais génial de vivre si près de la maternelle. Je me voyais déjà emmener Gaspard le matin, main dans la main, lui avec son petit cartable sur le dos, me racontant ses histoires de petit mec dans la cour de récré. Non jamais j'aurais imaginé que je prendrai le trottoir dans l'autre sens, que je le porterai dans les bras parce qu'il ne sait pas marcher, que je rentrerai dans la cour de l'institut tous les jours et non pas une fois par an pour la kermesse du téléthon. Je ne m'imaginais pas que voir ces mamans tous les matins déposer leurs enfants à la maternelle me serait si insupportable.
Je ne m'imaginais pas tout ça et c'est tant mieux car notre imaginaire voit les choses toujours pires que ce qu'elles sont en réalité. Jamais mon imaginaire ne m'aurait vu être parfois heureuse malgré tout, jamais mon imaginaire n'aurait imaginé qu'un jour, peut-être, je me ferai à tout ça et que je serai vraiment heureuse.
Sara